LA SPIRITUALITÉ MARIALE.

La spiritualité mariale du bienheureux Jan Beyzym.

La caractéristique la plus typique, la plus frappante, presque insurpassable par rapport à toutes les autres caractéristiques de la spiritualité du père Beyzym, qui sont nombreuses, est la dimension mariale. La dévotion mariale est pour lui tout à fait naturelle, en quelque sorte conforme à la nature. Il l'a reçue à la maison paternelle et puis aussi au noviciat à Stara Wies, où il s'est inscrit à la Filiatio Marian, une sorte de Congrégation Mariale pour les novices, pleine d’un respect tout enfantin et filial à Marie.

Avec le nom de la Vierge Marie sur ses lèvres.

Sans exagération nous pouvons dire que la spiritualité mariale est un des charismes du père Beyzym. Elle embrasse tout : sa vie et sa vocation, son œuvre et ses fatigues, ses joies et ses peines. Elle pénètre sa prière et sa souffrance. Elle lui donne le sentiment d’être un enfant appartenant à la Mère, un sentiment de sécurité à ses côtés et sous sa protection, un sentiment de confiance en elle, sans bornes, concernant les affaires de l'Église, l’ordre de Jésuites, la Patrie, les questions qui lui ont été confiées par les lépreux. C’est pour eux en effet qu’il construit cet hôpital si lentement et si laborieusement et il veut le « marquer » de son amour pour elle – la Vierge Noire de Czestochowa, Patronne de tous ses oisillons noirs.

Le père Beyzym, avec tout ce qu’il possède, appartient à Marie. Toute sa vie et toute sa mission à Madagascar son confiées à son aide. Il fait tout pour Elle, pour son honneur, en soumission à sa volonté – « comme quelqu’un qui serait à sa solde ». Il voulait que ceci se réalise aussi un jour à Sakhaline. C'est à Elle qu'il doit sa vocation religieuse et missionnaire. Marie, la  Mère, la Maman (Maryja, Matka, Mateczka), la Sainte Vierge, rarement Notre-Dame, accepte son service. Il est son humble outil, faible et incompétent. Toujours et pour chaque chose, il cherche son assistance. Il ne fait rien sans elle. Même pas une porte, il ne la ferme pas sans son nom sur ses lèvres.

Il lui confie tout parce que c'est Elle qui commande et dirige tout. C'est Elle qui l'envoie, qui le « délègue » partout, là où Elle veut. Le père Beyzym se sent appartenir tout à fait à Marie, comme Maximilien-Marie Kolbe, comme Karol Wojtyla : Totus tuus. Cette appartenance à Marie est sa joie, son bonheur et sa paix. Il « envahissait » Marie avec toutes ses difficiles questions humaines et avec tous ses problèmes et il était convaincu qu'elle donnait sa protection à ses pauvres serviteurs, qu'elle pouvait tout ce qui était conforme à la volonté de son Fils Jésus-Christ.

Le père Beyzym cherchait en toutes choses la gloire et de la volonté de Dieu. Et il était sûr que Sainte Marie savait mieux qui quiconque ce qui serait pour la plus grande gloire de Dieu, pour le plus grand bien et utilité des âmes.

Chaque pas pour la Vierge et avec la Vierge

La Sainte-Marie est sa force. Grâce à elle, il traverse toutes les difficultés et les adversités. C'est elle qui l'encourage et lui donne des forces. Elle est pour lui la vraie et sûre source d'énergie, de courage et de persévérance. Il ne veut plaire qu'à elle, il ne se soucie que d’une seule chose : qu'elle, la Sainte Mère ne le « regarde pas de travers ». Le père Beyzym est si marial (il s’est consacré à la Vierge Marie) que tout en lui devient imprégné de Marie - chaque souffle, chaque battement de cœur, chaque pas est pour elle. Comme Saint Ignace de Loyola, elle le joint à Jésus, elle le donne à Jésus. Et lui, avec Jésus, il l'aime comme la Mère de Jésus et sa Mère.

La confiance du père Beyzym placée à Marie est sans limites, même dans les petites choses de tous les jours. Il écrit ses lettres avec Elle et après, il les confie à sa protection. Avant la nuit, il ferme les portes de son hôpital avec la Vierge Marie, sûr qu'elle est la meilleure et la plus fidèle protectrice et la gardienne de ses « enfants noirs ». Il lui confie même des graines de fleurs afin qu'ils ne périssent pas avant le temps de l’ensemencement.

De toutes les prières, celle qu’il aime le plus est la salutation de l’ange : « Ave Maria ». Cette prière ne quitte pas ses lèvres. L’« Ave Maria » accomagne tout ce qu’il fait : le voyage, le travail, l'apprentissage de la langue malgache, le pèlerinage et le soin des malades. Il confie à la protection de la Vierge Marie les destinataires de ses lettres, les pères jésuites : Marcin Czerminski et Apolloniusz Kraupa, et les sœurs Carmélite de Cracovie. Il demande en même temps qu'ils prient Marie pour lui et ses malades. Le père Beyzym est leur reconnaissant pour tout. Pour exprimer sa gratitude à l’égard de ses bienfaiteurs, il demande à la Vierge qu'elle daigne les combler, selon sa bonté, qu’elle les récompense autant qu’elle veut, selon sa générosité, parce qu'elle est « riche et généreuse ».

Il se confie à Elle dans tous les dangers et les risques et elle le sauve. Quand il apprend que quelqu'un est en difficulté et a de problèmes, il lui conseille de prier la Vierge Marie. Elle peut même « faire des miracles », elle est au-dessus de tous les gouvernements et de toutes les autorités civiles. Tous doivent se subordonner à sa volonté et à ses directives. « Il y en sera comme la Sainte Mère de Dieu l’ordonne ». « Elle est mon gouvernement, car sa volonté est toujours conforme à la volonté de Dieu ». Il faut lui faire confiance, complètement, dans l'esprit d’un humble et généreux service parce qu'elle peut tout recevoir de son Fils, qui ne lui refuse de rien.

Il n'y a pas de cas ou de situation dans laquelle le Père Beyzym ne serait pas avec Marie. Il a une dévotion particulière, très polonaise, pour Notre-Dame de Czestochowa. Son icône achetée à Cracovie, avant son voyage pour Madagascar, se trouve dans l'autel de la chapelle de l'hôpital à Marana. Il porte toujours sur sa poitrine son image dans un médaillon d'étain de bon marché. Aussi sur le mur, au-dessus du lit de chaque lépreux, est accrochée l’image de la Vierge. Père Beyzym a voulu que la Reine de Jasna Gora soit adorée aussi sous le ciel africain.

Il se réjouit quand il voit que ses malades commencent à adorer et à aimer Notre-Dame de Czestochowa. C’est pour elle qu'il sculptait le cadre et voulait qu’il soit beau. Il était convaincu que c’est elle, appelée à l'aide, qui a guéri Joseph Rainilaivao de la cécité.

Il recommande tout à Marie, à sa protection, tout ce qui lui est cher : Patrie, Compagnie de Jésus, Province de Galice, les deux Carmels de Cracovie, ses oisillons noirs et les condamnés à Sakhaline, où il veut aller avec son aide. Parce que c’est elle – si elle veut - qui peut éliminer tous les obstacles et difficultés. Il ressent toujours son aide et sa protection. Il lui en est très reconnaissant. Sa bonté pour lui l'étonne.

Le père Beyzym est un homme de désir. Il désire de la gloire de Dieu et le salut des âmes. Il désire aussi contempler Marie au ciel, il aspire à être auprès d’elle. Le purgatoire pour lui c'est la nostalgie de la vision de Dieu et de Marie et il espère qu'un jour il la verra. Cette espérance est un soulagement dans cette attente douloureuse. La pensée de la mort suscite en lui une joie, parce qu'il espère qu'il lui sera donné de rester au pied de la meilleure Mère au ciel.

Si la Bonne Mère le veut bien.

La dévotion du père Beyzym à la sainte Mère, si profondément filiale, n’est en rien faible, timide, elle n’a rien d’une timidité cherchant refuge auprès d’elle par crainte de la souffrance, de la croix. Dès son arrivée à Madagascar, il lui demande – comme une grâce – « la lèpre forte » afin d'obtenir un meilleur sort pour les lépreux, pour expier ses péchés et s'offrir soi-même en sacrifice pour les âmes de ses frères malheureux. Son amour pour la vierge Marie le rend courageux et brave. Avec son aide, il entreprend de grandes et difficiles œuvres. Si elle permet et soutient qu'il puisse aller travailler à Sakhaline, il est prêt à mourir pour le bien des âmes qui y meurent. Il veut fertiliser le sol de Sakhaline, non seulement de sa sueur, mais aussi de son sang.

Père Beyzym, comme fils spirituel de saint Ignace de Loyola, est un homme d'action à la façon ignacienne, suivant le « magis », c'est-à-dire le toujours « plus ». La Mère de Dieu est également le sujet de « magis ». Il veut son plus grand honneur, il veut qu'elle soit connue et aimée partout. Et il souffre à cause des blasphèmes et du manque d'honneur que les non croyants lui portent.

La dévotion du père Beyzym à la Vierge Marie est comme la relation de l’enfant à sa mère, simple, confiante mais pas naïve. Elle est filiale et mûre en même temps, confiante et responsable, car elle ne le dispense pas de l'obligation de travailler diligemment et d’essayer de faire tout ce qui lui est possible. Dans la nécessité difficile de la séparation des hommes et des femmes dans l'hôpital, quand il avait contre lui beaucoup d'opposants puissants, il était plein de confiance et convaincu qu'il réussirait, « si la Mère de Dieu le voulait ainsi ».

Tous ceux qui connaissaient le père Beyzym un peu plus, comme par ex. ses confrères jésuites, les pères : Léon Derville, Augustin Niobey, Joseph Loiselet, et de même la sœur Anne-Marie de la Visitation étaient impressionnés par son respect et son amour pour la Mère de Dieu. "Enseigner aux gens l'amour de Jésus, de Marie et de Joseph, se défendre contre le plus petit péché, prier et souffrir pour l'Église, et pour les pécheurs – c'étaient le contenu de toute la vie de ce saint religieux » - a déclaré le père Augustin Niobey.

Toute sa vie difficile et laborieuse, jamais pour soi-même, mais toujours pour les autres, le père Beyzym a vécu "à la solde de Marie", à son service, sous son gouvernement et dans l'obéissance à sa volonté. Il a cherché à tout faire pour son plus grand honneur. Et il est parti pour sa récompense éternelle. Cette récompense, c’est la vie avec Dieu dans la très Sainte Trinité et avec Elle, la Vierge Marie, la Sainte Mère de Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu et notre meilleure Mère.

Grâce à sa dimension mariale, la spiritualité du père Beyzym est authentiquement catholique. Elle est aussi ecclésiale, dans l’esprit ignatien et franciscain en même temps. Avec l'ensemble de l'Église catholique, il a vénéré et aimé la Sainte Mère de Jésus-Christ, Fils de Dieu, figure apocalyptique de l'Église. Avec Elle, il désirait la croissance de l'Église comme Corps Mystique de son Fils et la conversion de tous à l'unique Sauveur du monde - le Fils de la Vierge Marie.


P. Mieczysław Bednarz SJ