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Célébrations du centième anniversaire de la mort du Bienheureux Père Jan Beyzym à Marana, à Madagascar

Les cérémonie du centième anniversaire de la mort du Bienheureux Jan Beyzym ont été prévues à Marana pour le dimanche 14 octobre 2012. Auparavant le 23 juin on a dévoilé solennellement la stèle rappelant le travail du Père Beyzym à Ambahivoraka. C'était une léproserie où le Père Beyzym a été envoyé immédiatement après son arrivée à Madagascar. Le Provincial de la Province Pologne de Sud de la Société de Dieu, le père Wojciech Ziółek SJ participait à cette cérémonie.

Vendredi le 12 octobre 2012 en commémoration liturgique du Père Beyzym, je me suis rendu en compagnie du père Józef Pawłowski SJ et du père Tadeusz Kasperczyk SJ à Marana pour y prier ensemble avec la communauté locale, prier près du tombeau du Bienheureux Serviteur des lépreux. Nous avons célébré avec le père Michał Rabialachy SJ et le surveillant spirituel de Marana, la messe solennelle, y ont été présentes les sœurs Saint Joseph de Cluny et les habitants de l'établissement. Après la messe nous étions invités au déjeuner, par les sœurs. Les Malgaches prennent au petit déjeuner du riz en buvant du café. Par contre notre petit déjeuner est plutôt préparé à la façon française-européenne: café au lait sans ou avec du sucre un petit pain français "baguette", elles sont cuites également à Madagascar, une confiture de bananes et d'oranges. Il y a aussi quelque chose pour cette occasion unique; le miel odorant des fleurs de litchi. Je prendrais volontiers ce délice en Pologne, rien que pour le goûter. Malheureusement les sœurs ont reçu une petite portion de Morondava et il n'en restait rien pour prendre. On a mangé un baguette avec du miel de litchi et bu du café-yaourt de propre fabrication ou une banane certainement du verger de Marana.

Après avoir pris le petit déjeuner on a commencé à visiter l'hôpital - l'œuvre du Bienheureux Père Jan. Avec un appareil photo je suis la sœur Catherine qui nous montre l'hôpital et en raconte le passé. Je tourne de courtes séquences, je prends des photos, je veux éterniser tout ce que perçoit mon œil. Pavillon pour les femmes - exactement tel qu’il était aménagé par le Père Beyzym. Salle de séjour, dortoir, atelier de couture, cuisine où les malades eux-mêmes préparent leurs repas en babillant, les enfants chantent et font du vacarme. Plus loin l'infirmerie ou l'on fait des pansements et distribue les portions journalières de médicaments. Nous sortons du pavillon pour les femmes. La sœur Catherine nous mène par une autre entrée au deuxième pavillon avec une cour rectangulaire au milieu. C'est le pavillon pour les hommes. Aussi il y a ici une grande salle - dortoir. Au chevet de chaque lit, comme c'était chez les femmes un rayon pour les effets personnels. Plus loin un atelier de serrurier et de menuiserie et la cuisine. Il y a aussi une infirmerie, là l'on distribue les médicaments et on fait les pansements. En plus de cela l'atelier de cordonnerie où l'on fait des chaussures pour les malades. Un ancien patient travaille ici, il a fait un cours de formation. Maintenant il confectionne des sandales "orthopédiques" pour les malades de la lèpre.

Le point suivant de notre programme de visite c'est le musée aménagé par la sœur Catherine. Il se trouve actuellement à l'étape d'organisation mais déjà on peut voir pas mal de photos archivables prises à l'époque où le père Beyzym vivait à Madagascar.

Avant de quitter Marana encore un coup d'œil sur la maison où habitait le Bienheureux Père Beyzym et puis sur tout le panorama de Fianarantsoa. Au loin on voit le Collège St.Fr. Xavier c'est-à-dire l'Ecole portant le nom de Saint Francois Xavier. Enfin une photo comme souvenir, près d'un chêne. Il n'est pas si imposant qu’en Pologne (certainement qu’ il fait trop chaud ici) mais comme on dit il a été planté par le Bienheureux Père, lui-même. Au moment de partir, trois enfants s'approchent de nous. Timidement, ils commencent à parler malgache en nous montrant des feuilles de papiers légèrement froissées, rappelant les enveloppes qui sont envoyées par avion, avec, collés sur elles, des morceaux de feuilles de bananiers. Ce sont les "cartes postales" faites à la main; morceaux découpés d'une feuille sèche du bananier. Ils nous prient de les acheter. L'année scolaire commence et ils n'ont pas d'argent pour s'acheter des cahiers et autres fournitures scolaires nécessaires. Ils font des découpages primitifs et veulent ainsi gagner quelque argent pour ce qui est nécessaire à l'école. Comment faire ? il faut quand même aider les enfants... Nous rentrons à Fianarandsoa.

Dimanche, le 14 octobre à 6 heures 30 min. nous partirons une fois encore à Marana. Aujourd'hui à Marana une grande cérémonie à l'occasion du centième anniversaire du départ au Père Eternel du Bienheureux Père Jan Beyzym. L'archevêque Sénior de Fianarantsoa Philibert Randriambololona SJ a célébré la sainte messe, concélébrée par plus de 20 prêtres dont plus de la moitié sont des Polonais. Les habitants de l'établissement se sont rassemblés en nombre dans la chapelle de Marana, avec la communauté des sœurs Saint Joseph de Cluny qu’en 1911 a fait venir de France le Bienheureux Père Jan Beyzym afin de l'aider à soigner les malades de la lèpre. Avant de commencer la messe le prêtre archevêque bénit l'image du Bienheureux Père Beyzym. C'est le don de Mme Dorota Kozioł, auteur d'un livre publié récemment sur le Père Jan, intitulé "Samaritain de Pologne " Elle a aussi peint ce tableau.

Après la messe le prêtre archevêque a bénit aussi le tableau commémoratif dédié à l'œuvre du Père Jan, puis il a ouvert son musée que nous avions visité auparavant. A la fin on s'est inscrit dans le livre commémoratif.

P. Czesław Tomaszewski SI

Homélie durant la célébration du centenaire de la mort du Bienheureux Père Beyzym

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

En réfléchissant sur la première lecture d'aujourd'hui que nous venons d'entendre une question se pose. Qu'est-ce qui attire le plus l'homme ici sur terre ? On dira que l'homme veut le pouvoir que grâce à lui il peut s'enrichir vite. Il veut posséder la richesse, faire fortune, stocker de l'or, de l'argent, des pierres précieuses et tout ce qui brille. On ne peut pas aussi passer sous silence la santé, la beauté. Mais est-ce que tout cela va durer éternellement? La valeur qui domine toutes les richesses matérielles n'est pas l'or ni même la santé, mais la raison et la sagesse. Dieu dans sa toute-puissance peut nous donner cette sagesse. Et cette sagesse ce n'est rien d'autre que Lui-même. Dieu c'est la sagesse unique. L'amour, Puissance, Sainteté - tout cela en un seul mot DIEU. Ce qui est beau c'est Dieu, pour cette raison les gens judicieux choisissent Dieu.

Un jeune homme demande à Jésus; ”Bon Maître, dis-moi ce que je dois faire pour accéder à la vie éternelle? " Jésus lui répond à cela: " Pourquoi tu me nommes bon ? seul Dieu est bon". Le jeune homme qui considère que Jésus est bon en même temps Le considère comme Dieu qui est la bonté même. " Si tu veux accéder à la vie éternelle, dit Jésus-obéis à la Parole Divine, observe les commandements: Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne commettras pas de vol... " Le jeune homme répond qu'il fait tout cela depuis son enfance. Il ajoute que toute la vie il observe les commandements. Jésus l'a regardé avec amour, mais il semble qu'Il en voulait quelque chose de plus. Jésus lui dit: " Si tu veux être impeccable, vends tout ce que tu as et distribues aux pauvres et tu auras la richesse dans le ciel. Si tu fais ainsi sur terre tu auras une richesse dans le ciel et ne penses pas que tu n'aies rien fait dans ta vie. Tout ce que tu as fait ne sera pas oublié, mais sera transformé en richesse" Ensuite, Jésus a dit: "suis-moi". En entendant ces mots le jeune homme s'est assombri, car il était en possession de grandes richesses; l'or, le bétail, les brebis, la terre et il est devenu l'esclave de tout cela. Il s'en est allé attristé mais vraiment savait pas où il devait se rendre.

Jésus continua: " En effet Il est difficile pour les riches d'entrer dans le royaume de Dieu". C'est difficile parce qu'ils sont esclaves de leurs richesses. Les biens qu'ils gèrent deviennent pour eux les nœuds qui entravent leur liberté, Jésus ajoute: " Il est plus facile pour un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu". Les apôtres réagissent vivement à ces paroles, ils en sont surpris, même découragés. Ils demandent: "Comment un chameau peut passer par le trou d'une aiguille? Qui peut donc être sauvé ? " Jésus répond: " Pour Dieu rien n'est impossible car il est tout puissant." Plus loin l'évangéliste dit:" Après ces mots Pierre a demandé: Et nous qui T'avons suivi, qu'est-ce que nous recevrons en échange? ". " Ceux qui ont quitté leur père et leur mère, la terre recevront cent fois plus ici sur terre et dans l'avenir la vie éternelle"- répond Jésus.

Pour l'homme c'est impossible, mais pas pour Dieu. Dans ce cas il faut suivre Jésus pour entrer en possession de tout. Les apôtres ont délaissé tout, car ils ont eu la sagesse de Dieu. Ceux qui ont Jésus ont toute autre chose. Tout ce qui est sur la terre appartient au Christ parce que Lui seul est le créateur de tout. Si nous sommes avec Lui nous avons tout en Lui et avec Lui. Qui suit le Christ devient propriétaire et héritier de ce qui Lui appartient. Il devient aussi libre en ce qui concerne les biens matériels comme l'est le Christ. Qui suit le Christ fait usage de biens matériels ici sur terre, mais il en est libre, car il reste uni avec le Père Créateur et Saint Esprit qui agissent ensemble.

Le Bienheureux Père Beyzym c'était un homme qui possédait cette sagesse. Dieu était présent dans sa vie et il a compris Sa sagesse. Le Bienheureux Père Beyzym avait le Christ dans son cœur et pour cette raison les malades sont devenus sa famille, amis, sœurs et frères en Jésus. Le Père Beyzym fait unité avec le Christ et à cause de cela il est heureux c'est-à-dire bienheureux.

Les missionnaires de Pologne qui sont aujourd'hui ici, ont suivi son exemple. Dieu nous a donné le Père Beyzym comme exemple, à nous tous. La sagesse du Père Jan a été greffée par Dieu sur la terre polonaise, dans les cœurs des missionnaires. Celui qui veut suivre Jésus L'aime et l'amour de Dieu ne peut pas être séparé de l'amour de l'homme. Aimer Jésus veut dire aussi aimer son prochain.

Tout comme le Christ qui pour nous consacre sa vie, le Père Beyzym, confiant sa vie à Dieu, s'est voué aux lépreux, car il a adoré Dieu dans ses proches. Il les aimait tous d'un amour du Christ et ainsi il a gagné la vie éternelle. Si nous voulons avoir la vie éternelle nous devons solliciter un tel amour.

Le Père Beyzym a consacré sa vie aux lépreux, car il a aimé le Christ et a compris sa logique. Sollicitons Dieu qu'Il nous donne un tel amour. Dieu qui est l'amour ouvre le ciel à l'homme et non pas les richesses matérielles, l'or ou l'argent. L'amour est le seul héritage dans le ciel et non pas les richesses matérielles de la terre. Saint Jean dit: " Celui qui possède Dieu, vit en Dieu et Dieu vit en lui. Celui qui aime son frère aime Dieu et celui qui aime Dieu aime son frère, car l'amour qu'incarne Dieu n'est pas divisible."

Le Père Beyzym s'est consacré aux lépreux et par ce fait il a prôné l'évangile. Bienheureux homme qui habite en Dieu et Dieu en Lui. Tel est justement le Père Beyzym. Il habite en Dieu et Dieu en Lui.

Ce que nous faisons ici sur terre, comment nous vivons nous permet d'accéder à la vie dans le ciel. Si ici sur terre nous vivons en unité avec Dieu nous serons avec Lui dans notre vie future. Si dans la vie d'un homme sur terre il n'y a pas de place pour Dieu, pour l'Amour, sa vie future sera sans Dieu et sans Amour. Une telle vie n'a pas de sens. La vie dans le ciel c'est la vie avec Lui et en Lui.

Nous remercions Dieu pour la vie du Père Beyzym qui est notre précepteur et exemple. Il nous enseigne comment vivre non seulement par les paroles, mais avant tout par les faits. Il est heureux dans le ciel en nous regardant qui partageons la joie et l'amour, nous qui sommes témoins de l'amour de Dieu. C'est notre plus grande tâche: désirer vivre chaque jour dans l'aide et l'amour mutuels.

Dieu aussi, Il est heureux quand Il nous regarde parce que la tâche confiée au Père Beyzym est réalisée quotidiennement. Le Christ a choisi les apôtres qui Le suivent. Parallèlement le Père Beyzym a suivi Jésus. Le Christ a choisi le père Beyzym, l'a aimé et a habité en Lui. Si nous nous aimons mutuellement, Dieu habite en nous et nous en Lui. Amen.

Marana, 14 octobre 2012 r. 

Mgr Philbert Randriambololona SI

Traduit par P. Tadeusz Kasperczyk SI