LA FOI DU BIENHEUREUX JAN BEYZYM.

Le père Jan Beyzym était un homme de foi et de confiance dans le plein sens augustinien du mot. Avec la simplicité d'un enfant, il croyait en Dieu (credo in Deum). Il voulait faire toujours sa très sainte volonté. La foi transmise dans sa famille a grandi en lui au cours des années, a imprégné toute sa vie et était pour lui une source de lumière et de puissance. L'esprit de sa foi profonde lui a permis de tout regarder comme venant de Dieu en vue de notre sanctification autant que pour la révélation de sa toute puissance. Malgré les adversités, il acceptait tout avec la même attitude. Sa foi animait toutes ses actions, même les plus humbles. On le voyait à sa manière concentrée et digne de faire le signe de Croix.

Le père Beyzym était profondément désolé pour les gens qui ne vivent pas par la foi. « Tant de gens travaillent dur et souffrent afin de se perdre en toutes choses. Ils accumulent un tas d’argent, passent leur vie dans le confort, dans un luxe indigne, sourd et aveugle à la misère des autres. La mort vient : avec quoi pourront-ils comparaitre devant le tribunal de Dieu? Le seul fait de penser cela fait déjà frissonner. »

Les malheurs, comme l’inondation catastrophique de Cracovie en 1903 ou la mort d'un ami fidèle, Marian Morawski SI, il les aperçoit avec les yeux de la foi. Dans tous les cas, il voit le dessein de Dieu pour notre bien. Il se réjouit du bonheur céleste du défunt et il est toujours d'accord avec la volonté de Dieu. Puisqu'il croyait à la vie éternelle dans le ciel, il était plein de joie pour le bonheur des rachetés. Un bébé de deux semaines, baptisé par lui est décédé dans la léproserie et enterré à la fête de Notre-Dame du Rosaire. Et voici sa réaction: « Il me vient à l'esprit ce garçon heureux et j'étais content de son bonheur. Il est allé droit au ciel ".

Reconnaissant les avantages de la foi et de l'appartenance à la foi de l'Église, il était ardemment soucieux des conversions qui étaient pour lui une source de grande joie. « Dieu m'a béni cette année, écrivait-il. J'ai baptisé six Protestants et dix-neuf païens. Tous mes lépreux sont maintenant les Catholiques ». Une autre fois, il a écrit au père Czerminski qu'il a baptisé deux douzaines de malades. Il a demandé aussi au père Czerminski de penser à eux pendant la messe. Puisqu'il voulait les préparer à la première communion, il leur enseignait le catéchisme avec ferveur. « Je fais ce que je peux, écrivait-il, la Sainte Vierge complètera. »

Il se réjouissait sincèrement de la foi vivante de ses protégés, qui, à la mort de leurs proches, disaient que l'on devrait plutôt prier que pleurer. « Cela me console - écrivait-il - que mes oisillons s'empressent vers Dieu ». Lorsqu'il est obligé de les dissuader de mœurs et coutumes pécheresses, il leur rappelle qu'ils ne sont plus des païens, mais catholiques et qu'ils doivent vivre de leur foi, en catholiques. Sa foi comme un don de Dieu est très humble, il n'y a pas en elle une ombre de confiance en lui-même. Pour la Sainte Vierge, il est prêt même à subir le martyr à Sakhaline. Il ne lui demande qu'une seule chose : « qu'Elle me sauve de l'apostasie de notre sainte foi. » Il a en lui, une foi profondément enracinée et la sainte crainte de perdre sa foi.

Le père Beyzym se sentait responsable de la foi et pour la sainte Église. Les attaques du clergé orthodoxe à la foi catholique l'inquiétaient et l’exaspéraient. Il ne leur épargnait pas de paroles amères dans une lettre au père Czerminski. Il est préoccupé par le sort des catholiques dans l'Empire russe, parce que « le schisme soulève sa tête » et attaque la foi catholique. Il s'indignait anxieusement de la secte nouvellement formée des Mariavites, connue parmi le peuple comme « mankietniki » parce qu'ils détournaient des fidèles de leur foi catholique. Sa préoccupation pour la foi, pour son authenticité, l'adhésion fidèle aux enseignements et orientations de l'Église catholique se manifestaient entre autres par la destruction par le feu d'une édition protestante du Nouveau Testament en français, que quelqu'un lui avait donné. « Il y aura dans le monde un livre hérétique de moins », disait-il. On était très loin de l'œcuménisme...

Quand dans la revue « Głosy Katolickie » [Voix Catholique - revue mensuelle publiée en 1900-1939], publiée par les Jésuites à Cracovie, il a rencontré une expression pas assez précise, à son avis, laquelle pouvait laisser supposer que Jésus-Christ n'est pas Dieu (« selon la volonté de Dieu et du Seigneur Jésus »), Beyzym met en garde contre de telles formulations.


Le père Beyzym suivait de loin, ce qui se passait dans sa Patrie en matière de foi. Beaucoup de choses le tracassaient. Il priait donc pour l'Église et la foi en Pologne. Pour de telle prière, il appelait et encourageait les autres. Parmi ses lépreux, il éveillait la dévotion et l'amour pour le Saint-Siège et le Saint-Père. Il encourageait les malades à écrire une lettre au pape Pie X, en lui demandant sa bénédiction et son portrait. Le père Beyzym avait l'intention d'encadrer ce portrait et de le mettre dans la chapelle de l'hôpital. C'était une manifestation vivante de sa foi en la sainte Église et le rôle particulier de la tête visible de l'Église. La foi imprégnait toute sa vie et tous les autres aspects de sa spiritualité. Comme il a vécu dans la foi, de même aussi il est mort dans la foi, avec le nom de Jésus et de Marie sur ses lèvres. Il a demandé humblement et avec confiance le salut de son âme.


P. Mieczyslaw Bednarz SJ