DE L’AMOUR QUI VEUT ABOUTIR

Le bienheureux Père Jan Beyzym ou l’amour qui veut aboutir

"L'amour devient souci de l'homme et le service rendu aux autres, il ne cherche pas lui-même, ni l'entourage du bonheur; il cherche le bien de la personne aimée, devient abnégation, il est prêt à des sacrifices, plus encore, il les cherche.

(Benoit XVI, Deus caritas est, 6)

18 août 2012 on a eu le dixième anniversaire d'élévation à la gloire des autels du prêtre jésuite, le bienheureux Père Jan Beyzym, inlassable apôtre des lépreux à Madagascar. En 2002 à Błonie Krakowskie en présence d'une foule de plus d'un million de fidèles, le Pape Jean Paul II a rappelé la personne du Père dans son homélie prononcée à cette occasion et L'a inclus parmi les bienheureux. C'était un grand jour de gloire pour ce généreux fils de la Patrie et de l’Église non seulement en Pologne. L’Église locale et Universelle a apprécié par cette béatification son amour héroïque qu’il a témoigné pendant plus de treize ans, aux plus pauvres, lépreux à Madagascar.

DEUX ANNIVERSAIRES REMARQUABLES

Cette année s'écoule un siècle après mort du Bienheureux Père Jan Beyzym, qui est mort le 2 octobre 1812. En octobre nous avons commémoré le centième anniversaire de sa mort, c'était un mois prévu pour les missions. Les cérémonies liturgiques évoquant l'apôtre de miséricorde envers les lépreux se sont déroulées le 12 octobre. La célébration de ce jubilé a eu lieu avant tout dans la basilique des jésuites du Sacré Cœur de Jésus à Cracovie où sont ses reliques et le tableau de béatification. C'est ici que se trouve l'os de sa main droite transporté depuis Madagascar, de la localité Marana. Dans la Basilique de Cracovie les reliques sont déposées dans un coffret en palissandre, sculpté admirablement par les Malgaches et placé dans un sarcophage modeste en bronze, projet de prof. Czesław Dżwigaj de 1994.

A Marana, dans la chapelle construite par lui-même dans un sarcophage en marbre ont été déposés les ossements du Serviteur des Lépreux.

OEUVRE SCULPTE ET RELIQUAIRE

La relique est très remarquable, car le prêtre avec cette main a soigné maintes fois les malades. Il lavait les plaies douloureuses et purulentes des malades, portait la communion aux malades, donnait un sobre repas aux affamés; du riz et des herbes de lieu. Cette main tenait le stylo en écrivant de nombreuses lettres aux compatriotes, suppliant de l'aide pour ramasser de l'argent nécessaire à la construction d'un hôpital pour lépreux dans la lointaine Marana. Cette main bénissait très souvent ses "poussins noirs" faisait le signe de croix sur les mourants, absolvait les péchés, donnait la dernière onction aux mourants.....Dans cette main il tenait aussi le ciseau pour sculpter le tabernacle en bois et la rame miraculeuse du tableau de la Sainte Vierge de Częstochowa, qu’il avait acheté lui-même à Cracovie et suspendu sur l'autel principal de la chapelle pour lépreux à Marana. Devant cette image de la Vierge Noire les pensionnaires contaminés par le bacille de Gerhard Armauer Hansen imploraient les grâces pour eux-mêmes.

L'Œuvre de miséricorde de Notre compatriote à Madagascar a apporté des fruits en abondance. L’assistance aux lépreux lui a valu la sainteté et a amélioré la désastreuse situation des malades. Le Père Jan a construit avec effort un hôpital pour eux qui fonctionne jusqu'à présent et où les malades trouvent une aide appropriée. Beaucoup d'années se sont écoulées depuis sa construction et l'hôpital est aujourd'hui le meilleur témoignage de son souci pour les lépreux.

RAPPELER SANS CESSE

Le dixième anniversaire de la béatification et le centième anniversaire de la mort du Bienheureux Jan Beyzym, nous impose l'obligation de rappeler l'activité de ce personnage. De nos jours les gens se passionnent pour les performances des sportifs connus. Il y a quelque temps se sont terminés les jeux olympiques de Londres et on a vu afficher beaucoup de leurs noms. Chaque succès sportif compte et les gens le gardent en mémoire longtemps. Pourtant nous ne pouvons pas oublier l'homme qui sans penser à une médaille ni à un autre prix sur terre a servi avec dévouement les plus pauvres en leur consacrant chaque jour son temps, l'amour et même la vie.

Notre devoir c'est de rappeler l'activité de ce prêtre et religieux jésuite et la transmission de son amour à beaucoup d'hommes provenant de tout milieu et non seulement du milieu catholique. En vivant dans une certaine stabilité, surtout quant à consommation de la société, nous nous sommes distancés facilement des affaires difficiles d'autres gens. Peu nombreux sont ceux qui veulent donner un coup de main aux pauvres. Le problème de la faim, de la haine raciale, de l’injustice sociale, des maladies, de la vieillesse, de la pauvreté, et de la lèpre a été repoussé vers les grandes organisations sociales et d'état. Pourtant toujours on a besoin de gens bons comme du bon pain pour qu'un individu pauvre, malade, handicapé, exclus de société puisse être aimé honoré même dans sa misère et pauvreté.

DÉSIR DE DIEU ET LE NOTRE

Dieu veut continuellement être actif parmi nous et rappeler d'entre nous ceux qui ont le cœur sensible aux besoins d’autrui. Il veut éveiller en eux la largesse du cœur et des mains. Il ne s'agit pas ici d'une attraction de courte durée, un élan instantané mais d'une sensibilité constante aux besoins de ses proches. Aujourd'hui il y a beaucoup d'hommes malades de la lèpre, corps et âme. Ils ont besoin d'aide. L'égoïsme en amour rétrécit la sphère de notre intérêt. L'amour charitable nous rend libre et nous sauve. Jadis beaucoup de gens lisaient les lettres du missionnaire Jan Beyzym publiées dans les rubriques de la presse catholique. Elles ont très bien formé la sensibilité des lecteurs. Aujourd'hui les éditions des lettres sous forme de livres du Serviteur des Lépreux et même d'autres textes plus modernes; disques CD, restent sur les rayons des librairies catholiques et n'éveillent pas un grand intérêt ni chez les lecteurs ni chez les spectateurs, personne n'en achète. Il est plus facile et commode de s'acheter un livre sur un thème fantastique que celui ayant un thème réconfortant; peut être nous ne voulons pas de confrontation avec la misère de la vie lépreuse.

L'HOMME ET SES FAITS OUBLIES

Dans la Pologne catholique, ces dernières années n’ont pas été consacrées ni dédiées au Père Beyzym aucune église, aucune école n'a reçu son nom. Pas besoin de rappeler qu'il n'y a aucun monument dans toutes les localités. La seule exception c'est la maison de récollections hors des frontières de la Pologne, administrée par les jésuites polonais en Ukraine. Il y a peu de villes en Pologne où les rues portent son nom. Madagascar nous fait honte parce que là-bas une statue et une rue dans la capitale de ce pays portent son nom. A Cracovie on pourrait chercher en vain une telle rue ou statue. En vain on pourrait chercher un timbre-poste avec son effigie, une carte postale commémorative, monnaie ou médaillon, tableau ou figurine.

Je l'écris avec malaise et douleur, malheureusement cela prouve notre ignorance, que nous ne cherchons pas à raviver la mémoire de ce Polonais, qu'il soit chaque jour présent parmi nous, comment dans ce climat de vide et d'oubli nous pouvons espérer sa canonisation?

ÉLARGIR LES CONNAISSANCES SUR LE BIENHEUREUX PÈRE

Nous devons chaque jour invoquer son intercession, raviver son souvenir et en le suivant inviter les gens à servir leurs proches. Autant de fois que j'ai des problèmes difficiles à résoudre je les lui confie et recommande et Lui il apparaît comme un efficace protecteur et intercesseur devant Dieu et la Sainte Vierge de Częstochowa. Vivons bien notre vie quotidienne et apprenons de ce jésuite prêtre et missionnaire , le Bienheureux Jan Beyzym, un amour charitable. Faisons quelque chose d'utile pour nos proches et cet acte sera notre témoignage maintenant et dans l'éternité. Invoquons son intercession s'il y a besoin et nous ressentirons les effets de sa bonté.

P. Stanisław Groń SI