LES FAITS ESCHATOLOGIQUES ET L’AMOUR POUR LES MORTS DANS LA VIE DU PÈRE JAN BEYZYM
Comme un homme de foi profonde et vivante, le père Beyzym n'avait pas eu peur de penser à la mort. Les faits eschatologiques apparaissaient souvent dans ses lettres. Il les traitait au sérieux. Il se sentait avancer dans l'âge et le fardeau de la vieillesse lui pesait aux épaules. Il savait bien qu'il aurait des compte à rendre devant le tribunal de Dieu. C'est pourquoi il songeait à la mort et il s'y préparait.
Regarder la vie et la mort à la lumière de la foi
Près d'un an avant sa mort, il a rapporté au père Martin Czermiński qu'il perdait des forces, mais il se sentait toujours capable de travailler, même sur l'île de Sakhaline, afin de peiner pour la plus grande gloire de Dieu et pour y déposer ses os. Il se considérait comme un serviteur inutile, mais il en avait confiance et il était prêt à quitter ce monde comme le vieillard Siméon - nunc dimittis.
Le père Beyzym envisageait la vie et la mort toujours à la lumière de la foi. Tout autour lui, lui montre la vanité, l'insignifiance et la fugacité. « L'homme n'est point chez lui sur cette terre, il est là seulement comme un voyageur ». La pensée de la mort éveille en lui un désir de faire quelque chose et assumer la souffrance pour la gloire de Dieu.
Il lui était pareil comment et où il allait mourir. « Si la lèpre m'abattra, si une autre maladie, cela me fait égal, pourvu qu'on ne périra pas ». Une sollicitude de ne pas être rejeté, de ne pas aller en enfer, revient souvent sous sa plume. C'est une preuve de sa vraie crainte de Dieu et de son humilité. Il craint vraiment Dieu, il a peur de sa propre faiblesse humaine, de ses défauts et il est à court de confiance en lui-même. Il demande instamment le Seigneur Jésus-Christ que, ayant voulu sauver les autres, il ne se condamne pas lui-même (voir 1 Cor. 9, 27).
Il avait une sensible et délicate conscience. Les exigences qu'il se donnait étaient très élevées. Il craignait le jugement de Dieu parce qu'il avait dit, qu|il a commis : « un tas de péchés, mais des mérites [avait-il] autant que rien ». C'est pourquoi il a demandé à la Vierge de le laisser aller au purgatoire, et y rester même pour longtemps et ensuite qu'elle le prenne après au ciel, où il pourra la regarder avec joie. Il est même prêt à souffrir « dix purgatoires », juste pour ne pas aller en enfer. L'enfer est pour lui une réalité terrible et non pas seulement un dogme de la foi. Désirant toujours être proche de Dieu, il pressentait ce qui serait pour lui une perte de Dieu.
Le purgatoire fut pour le père Beyzym, tout d'abord, une nostalgie pour Dieu, pour Marie. Donc, il n'hésitait pas à demander à la Vierge une centaine de purgatoires, parce que le purgatoire signifie que « l'enfer n'est plus pour lui ». Telle pensée de purgatoire le remplit de joie. Pour Beyzym, le purgatoire n'est pas seulement une certitude d'échappement à l'enfer, mais également une ferme impossibilité de ne plus pécher. Cela le réconforte, parce qu'il ne veut plus pécher. Il a peur de jugement de Dieu afin de ne pas se présenter devant Lui. Devant son tribunal bredouille - « les mains vides ». Il en demande ainsi des prières « pour qu'il avant la mort fasse quelque chose pour Dieu ».
Le grand désir du ciel
Le ciel est un lieu de rencontre joyeuse avec Dieu, avec Marie, avec sainte Thérèse de Jésus, avec les Sœurs Carmélites et avec les lépreux défunts qui lui ont été particulièrement chers et proches, comme les catéchistes : Michel, Raphaël...
Le père Beyzym avait eu un grand désir du ciel. Il voulait « filer de cette terre, pour être aussitôt attaché au Seigneur Jésus et à la Sainte Vierge à jamais. Cependant, son cœur, comme le cœur de saint Paul (cf. Philipp 1, 21-26), est partagé entre deux désirs. « Je ressens à la fois deux désirs : je voudrais vivre le plus longtemps possible pour travailler au bien de mes poussins, mais aussi mourir aussitôt afin de subir le purgatoire et d'être conduit devant la Mère Admirable. Mais, avant tout, fiat voluntas Dei ».
Avec le désir du salut, il se joint toujours au souhait de sauver des âmes, confiées à lui. « Obtenez pour moi, chères Mères, auprès de la Sainte Vierge, pour que je conduise à son trône toutes les âmes, lesquelles elle daigne me confier et que moi-même soit sauvé à jamais ».
La vie du père Beyzym était à la fois simple et riche, laborieuse, remplie de la prière et se déroulant entre Madagascar et l'île de Sakhaline, entre la Pologne et le ciel, après lequel il languissait et voulait y entrer, pas seul, mais avec toute une foule des âmes rachetées par le Sang du Christ. De tout son cœur il voulait les aider, dans l'esprit de la Constitution de la Compagnie de Jésus (n° 3), sur leur chemin vers le ciel.
Compassion pour les âmes au purgatoire
Dans un esprit d'une vive foi, le père Beyzym approuvait de tout son cœur le dogme du purgatoire et il se souvenait toujours de morts. Lui-même, comme nous le voyons, voulait le purgatoire pour lui, parce que le purgatoire lui donnerait une certitude "que l'enfer n'est plus pour lui". Cela lui édulcorait la pensée de la nostalgie après la vision béatifique de Dieu et de la Vierge Marie vivant au ciel.
Son amour pour les proches défunts dépassait une berge de la tombe. Il les embrassait avec la bienveillante mémoire, la prière et surtout dans la célébration de l'eucharistie. Il a même avoué à la Mère Madeleine de Caramel de Łobzów, qu'il avait eu une dévotion particulière et de la compassion pour les âmes du purgatoire, dont ici, sur terre, personne de leurs proches, dans leurs pensées et leurs prières, ne se souvient plus. Il demandait donc la prière pour ses âmes et nourrissait un profond espoir, que la Sainte Vierge Marie les aide.
Après la mort du père Beyzym, parmi ses notes, on a trouvé des registres de Messes célébrées. Il était évident qu'il s'est toujours souvenu exactement des morts pères et frères de sa province maternelle de Galicie, ou bien simplement de la Pologne, c'est ce qu'il a, d'ailleurs, avoué dans les lettres adressées au père Czermiński. Il y avait été une emblématique demande, que les pères qui allaient célébrer la messe en son intention, après sa mort, offraient deux Messes, l'une pour lui-même, mais la seconde pour les âmes du purgatoire : pour tous ceux qui nullibi auxilium habent – qui n'ont guère de secours de nulle part.
Il était également convaincu que nos défunts ne cessent d’intercéder pour nous. Quand son professeur et ensuite son meilleur ami, le père Marian Morawski fut mort, Beyzym, dans une lettre au père Czermińskie avait exprimé son espoir que le défunt père Marian "intercède pour lui auprès du Seigneur Jésus". À plusieurs reprises il assurait le père Czermiński, que pendent ses messes il faisait toujours un mémento non seulement pour ses parents mais aussi pour les parents de lui. Il a également demandé les noms de ses parents défunts.
La proximité de ses proches bien-aimés, qui sont déjà allés au Seigneur, le lien indissoluble d'amour avec eux dans Celui "à qui tous les hommes viendront" (Ps. 65, 2), l'espoir d'une rencontre avec eux dans l’au-delà, donnaient au père Beyzym le sens de la communauté et une protection contre la solitude dans la vie. C'était l'une des sources de sa vitalité d'esprit.
Père Mieczysław Bednarz SJ