LE PÈRE COMPATISSANT

Le Père Jan Beyzym s'appuyait toute la vie sur Jésus-Christ. Il se laissait conduire par Dieu sur le chemin difficile de vocation religieuse et sacerdotale. Dès l'âge de douze ans il réfléchissait sur le choix de son chemin de vie. Il était soucieux envers ses frères et sœurs plus petits et s'occupait d'eux volontiers. Il évitait des jeux futiles, la danse le fatiguait, il ne cherchait pas à s'habiller à la mode.

Le Père Beyzym était très exigeant en ce qui concerne sa personne, par contre il était doux face aux malades et faibles. Déjà au noviciat à Stara Wieś près de Brzozów il allait voir volontiers les malades. Il percevait leurs besoins, savait patiemment écouter leurs plaintes. Il était soucieux envers les élèves du Collège géré par le Jésuites à Chyrów. Les jeunes gens s'en souvenaient longtemps. Après des années ses ex-élèves soutenaient matériellement et spirituellement son travail de missionnaire à Madagascar.

On appelait parfois le Père Beyzym "Tatar", il était persévérant et décidé dans l'action, il attendait beaucoup d'années pour que ses supérieurs, après avoir longuement tardé, donnent leur accord qu'il puisse aller au travail parmi les lépreux. Il avait 48 ans quand son rêve est devenu réalité. En octobre 1898 il est parti de Cracovie pour les missions en prenant avec Lui le Tableau de la Sainte Vierge de Częstochowa, cette image l'accompagnait à la fin de son pèlerinage terrestre.

Le Père Jan ne se décourageait pas si vite. Il n'a pas succombé dans les premières années de son travail à Madagascar. Ou il a vu la situation tragique des malades de la lèpre Le Père Jan a commencé à faire un plan de construction d'un nouvel hôpital. Pour réaliser ce but, une grande somme d’argent était nécessaire et de ce fait le Père Jan écrivait beaucoup de lettres, surtout aux amis sur les terres polonaises en leur demandant le soutien matériel pour atteindre son but.

A ses confrères qui tentaient d'affaiblir son empressement le Père Beyzym citait la phrase de saint Jean Evangéliste; " Frères n'aimez pas avec les paroles mais par les actes et la vérité». Ce n’était pourtant pas une simple activité. Toute l'activité du Serviteur des lépreux était ancrée dans une profonde piété et l'union avec Dieu. Il se caractérisait par la foi d'enfant et la confiance en protection Divine. Il confiait toutes les affaires difficiles à la protection de la Sainte Vierge et jamais ses espérances n'étaient trompées. Il répétait souvent: "C'est la Sainte Vierge qui a construit cet hôpital, elle tient à ce qu'il soit terminé." Le Père Jan était persuadé que c'est Elle la Meilleure Mère de Częstochowa qui prenait soin de ses poussins noires. Un an avant la mort du Père Jan qui est survenue le 2 octobre 1912 l'hôpital de Marana a été ouvert aux lépreux. On l'a construit à l'aide de l'argent envoyé par les Polonais de trois territoires annexés.

Quand je lis les lettres du Père Beyzym je me rends compte que toute sa vie émanait de Dieu. Il vivait conscient du fait que c'est Dieu qui veille sur lui et sur les lépreux avec lesquels Il voulait habiter. Le Père Beyzym était pour eux un ami qui fait tout: infirmier, jardinier, menuisier, mais d'abord un prêtre. Surtout il les consolait tous. Il prenait garde à ce que personne ne meurt sans s'unir avec Dieu. Il donnait l'onction des malades, leur donnait le viatique, encourageait, prononçait les homélies, organisait les récollections. Il était tout le temps avec eux! Dans une de ses lettres du 13 mai 1901 le Père Jan décrivait la très difficile situation des lépreux à Madagascar: "Ces Malheureux qui sont chez moi sont exposés sans cesse à mille occasions pour pécher, on pourrait même dire que c'est même par nécessité. Maintes fois je réfléchissais comment remédier à ce mal, mais rien à faire jusqu'au jour où il y aura un refuge convenable avec l'entretien comme il faut. Ils habitent comme du bétail, tous ensemble; hommes, femmes, enfants. Ils vont mendier leur pain par nécessité, c'est à dire ils sont assis sous les baraques près du sentier, toute la journée, sans cela ils ne peuvent pas vivre et l'on sait que la fainéantise est le début de tout mal; ils se déplacent à demi nus, etc, etc. En un mot, moi je ne peux pas y remédier, dans cet état de choses, qu'on a actuellement. Que les gens dans le monde sachent ce qui se passe dans mon for intérieur, quand je regarde tout cela sans rien pouvoir, surtout quand je regarde les petits enfants qui non seulement ne savent pas aimer Dieu et même ne savent pas si Dieu existe mais apprennent des adultes à offenser Dieu, si par miracle de l'argent nous tombe du ciel, la léproserie tant attendue en peu de temps serait achevée."

Actuellement nous avons besoin de tels témoins d'une vraie croyance, de l'amour ardent et de grand espoir pour former la vie personnelle, sociale et familiale en s'appuyant sur Dieu comme sur un rocher. Nous ne devons bâtir rien sans fondation, sans le Christ- comme disait à Varsovie en 1979Jan Paul II. Construire quelque chose sans notre Sauveur, sans compter sur son tendre amour c'est vide et en vain !

Le père Jan Beyzym se souciait non seulement de la santé physique des lépreux, mais aussi de leurs besoins vitaux. Pour Lui la préoccupation majeure c'étaient les âmes des ses disciples. Il organisait régulièrement pour eux des récollections et les jours de méditation. Il en écrit dans sa lettre du 13 mars 1902 adressée à la redaction des "Misje Katolickie " à Kraków: " J'étais préoccupé par les récollections avec mes poussins noirs, on est loin d'atteindre la pleine ascèse mais je pense que peu à peu il faut les détacher de la terre et approcher de Dieu, si ce sera possible. Comme je le fais d'habitude, aussi dans ce cas, je m'en suis remis à la protection de la Sainte Vierge en la priant constamment qu'elle veuille guider mes paroles et les cœurs de ces malheureux, il va de soi que autrement rien de bon n'en résulterait".

Le missionnaire épuisé s'en est allé au Seigneur pour recevoir la récompense, le 2 octobre 1912. Le 18 août 2002 Le Pape Jean Paul II à Błonie Krakowskie a proclamé la béatification du protecteur des lépreux. Actuellement nous demandons à Dieu le don de sa canonisation.

P. Marek Wójtowicz SI

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